La scale-up n’est autre que le changement d’échelle d’une entreprise. Petite start-up deviendra grande, donc ! Il s’agit d’une étape aussi bien attendue que redoutée, puisque changer d’échelle implique généralement de grands bouleversements… Michel Clair, mentor du Mastère Spécialisé Entrepreneuriat et Management de l’Innovation Entreprendre et formateur à l’EMLyon, nous partage ses conseils.
Les défis d’une scale-up
Lancer une start-up consiste à démarrer sur une idée, avec un fort investissement de bonne volonté et de courage, seul·e ou avec des associés… un défi, déjà ! Qu’elle soit technique, pointue, destinée au grand public ou non, complexe ou au contraire très simple, l’idée se doit d’être innovante et compétitive par rapport au prix et au service proposé. Comme il l’a été prouvé avec la réussite de BlaBlaCar, par exemple ! Un défi également, puisqu’il est essentiel pour tout entrepreneur innovant d’avoir des compétences multifactorielles – à la fois technicien·ne et commerçant·e – afin de développer son idée et de trouver des financements pour la faire grandir.
Là se pose le véritable challenge du changement d’échelle : lorsqu’un process de fabrication entre dans l’équation, les moyens nécessaires au développement du chiffre d’affaires ne sont plus les mêmes. Humainement comme financièrement, d’ailleurs. Pour réussir votre scale-up et entrer dans la cour des grands, vous allez devoir développer de nouveaux talents, obtenir de véritables financements et manager une équipe.
Le hic ? Toute transition comporte des risques. En l’occurrence, qui dit scale-up dit expansion, investissement et besoins en fonds de roulement. Des changements qui se concrétisent, parfois, par la perte de l’âme de la start-up suite à des embauches extérieures, ou par une sortie de son marché initial… qui peut être aussi positive que dangereuse selon les cas de figure !
Les conseils pour une scale-up réussie
Réussir sa scale-up impose une réactivité à toute épreuve. Tout d’abord quant à l’évolution du personnel, lorsque l’équipe s’enrichit de salariés qui, contrairement aux créateurs de la start-up, demandent à être motivés pour adhérer au projet. Ensuite, quant au cadre : si l’entreprise déménage pour passer du garage à l’open space, au risque de perdre ses repères. Enfin, et surtout, par rapport aux finances !
Un changement d’échelle se concrétise par un changement de volume financier, et les capitaux propres, le chiffre d’affaires ou la rentabilité de l’entreprise doivent rester sous surveillance constante. Nerf de la guerre, la trésorerie doit notamment faire l’objet d’une attention particulière pour éviter demandes de report, appels de la banque et difficultés à payer les factures. Quant à la recherche de financements, elle doit, elle aussi, explorer toutes les possibilités qui s’offrent à une start-up en pleine scale-up : après la love money, il s’agira de chercher des investisseurs institutionnels, des structures d’aides au financement, puis des sociétés de capital investissement.
S’il fallait ne retenir qu’un seul conseil, il s’agirait sans doute de celui-ci : n’y allez pas seul·e ! Les spécialistes sont unanimes, la meilleure volonté au monde n’y suffit pas. Pour réussir une scale-up, il est capital d’être bien entouré : juriste, expert-comptable, mentor, banque… Entre collecte de fonds et recherche d’investisseurs, le financement de la croissance se transforme trop souvent en parcours du combattant dans lequel l’entrepreneur se retrouve seul. À moins d’être bien accompagné.
Franchir le pas de la scale-up sans se tromper, c’est rester aux aguets, et oser. Surveiller le marché et saisir les opportunités, observer la concurrence et la devancer, garder un œil constant sur la trésorerie et anticiper le développement… Ou maintenir l’accélération de l’avion après le décollage, un œil sur les instruments de bord en permanence jusqu’à atteindre la vitesse de croisière.